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LA VIE SAINTE ÉLYSABEL.

Tout ne prise .i. trespas de vant.

Mestre Corras bien li sermone ;
Temporels chose ne foisone :
Tost est passé du soir au main ;
Tels richeces c’on a en main
Ainsinc s’en vont comme eles vienent,
Que l’en ne set qu’eles devienent.
L’amor Dieu ot si ou cuer,
Toutes tels choses geta fuer.
Des diz au mestre li souvint,
Si que par force li convint
Enfanz et richece oublier
Et seignorie et marier.
Lors dist-ele à ses chamberières :
« Diex a oïes mes proières ;
Seignorie que j’aie éue
Ne pris pas .i. rain de ségue ;
Mes enfanz aim pou plus d’ainsins
Que les enfanz à mes voisins ;
A Dieu les doing, à Dieu les lais :
Face-en son plesir désormais.
En despiz, en destractions[1],
En autres tribulacions,
Sachiez, de voir, tant m’i délite
Que la joie n’est pas petite.
Je n’aim fors Dieu tant seulement,
Mon créator, mon sauvement. »

Mestre Corras mult la tençoit.

  1. Ce vers et les trois suivants manquent au Ms. 7633.