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NOTES

Se tu cuides qu’aidier te doie !
Cuides-tu doncques que je soie
Si soufrans et si debonaire
Mes annemis doie bien fère ?
Cuides-tu donques que je bien face
Nului qui moi ne mon Fil hace ?
Cuides-tu donques qu’aidier doie
Celui qui le Seingnor renoie
Qui char et sanc prist en mon cors ?
Voirs est qu’il est miséricors,
Mès justes est si justement[1]
Que, quanqu’il fet, fet justement.
Mes bons amis estres souloies,
Quar jour et nuit moult me servoies ;
Mès tu as si mué ton estre
Que li déables est tout péestre.
Péestrement[2] t’enporteront :
Tot prestre te geteront[3]
En lor jaiole et en lour chartre.
Bon escrit ont et bone chartre
Que toz ies leur, et morz et vis.
Tu as tant fet, ce m’est avis,
Que nus ne puet, sans force fère,
Nul conseil mestre en ton afère ! »

Théophillus soupire et pleure ;
La mère Dieu souvant aeure,
La mère Dieu sovant déproie
Qu’ele l’escout et qu’ele l’oie,
Et pitié daint avoir de s’âme,
« Laisse m’ester, fet Nostre-Dame ;
Trop durement m’as courouciée
Quant as mon Fil et moi lessiée
Pour .i. petit d’anor terrestre !
— « Ha ! douce Mère au Roi célestre. »
Ce li respont li las adonques
En souspirant, « il n’avint oncques[4]
Ne n’avandra jà nul fuer
Que nus qui te priast de cuer

  1. Mss. 6987, 2710. Var. Si durement.
  2. Ms. 6987. Var. Procainement.
  3. Ms. 6987. Var. Et esraument t’estranleront.
  4. Ce vers manque au Ms. 1672.