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ADDITIONS.

Poinstent sor Gramaire lor mère.
Qui là véist lances lancier
Por ces bons auctors espancier,
Hochier testes et batre mains,
Et aus langues laschier les frains.
M. quarriaus voloient ensamble,
Piors que de sauz ne de tramble,
Qu’il a plus venin en paroles
Qu’en .c. .m. maçues[1] foles.
Et li auctor se deffendoient
Qui de granz plaies lor fesoient,
De caniveçons et de greffes,
De longues fables et de beffes.
Lor chastiaus fust bien deffensables,
S’il ne fust si garnis de fables[2]
Qu’il ajoingnent lor vanitez
Par lor biaus mos en véritez.
Gramaire les fiert et desciple
Parmi le cors d’un participle
Qui les fist à la terre estendre ;
Puis si dist : « Or alez aprendre. »
Puis en fist .v. chéoir sor l’erbe
Par la pointe de son averbe ;
Mès dans Sortes la fist repondre,
Qu’il ne pot pas à toz respondre.
Vers ceus d’Orliens s’est adrecie,
Qui l’ont longuement essaucie.
En la profondece d’un val
Li alaschièrent son cheval
Qui soustenoit Otografie,
Le fondement de la clergie ;
Puis fist arrière ses retors
Dame Grammaire à ses auctors.

  1. Ms. 1830. Var. Menues.
  2. Au nombre des objections qu’on faisait contre les auteurs anciens se trouvait en effet celle-ci : que leurs ouvrages étaient remplis de fables souvent dangereuses pour la jeunesse.