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ADDITIONS.

Tu es des miens s’as pou d’avoir.
Quant des miens es se j’ai poverte,
Droiz est qu’aussi par toi reverte
La povreté et le domage,
Et par toz cels de mon tenage.
Ce fet cele où vilté habite,
Qui contre Dieu me desérite
Comme mauvèse et seurprenant
De ce dont me véis tenant. »

Quant l’ot Avarisce entendue,
A parler s’est tost esméue
Et dist : « Tais-toi, fole Larguesce !
Fui-t’en du lieu dont sui mestresse !
De cest roiaume sui roïne ;
Conquis l’ai, c’est véritez fine,
A toz jors, c’est chose afinée,
Pieçà que j’en suis coronée.
Duchoise sui de Normendie,
N’i a nul qui m’en contredis ;
Et de tant fole t’arésone,
De quel lieu portes-tu corone ?
Eu quel païs est ton regnère,
Ta poesté et ton repère ? »
Lors dist Larguesce : « C’est la somme :
Chascun large si est mon homme ;
Les loiaus où maint cortoisie
Sont soz moi en ma seignorie ;
Leur cors et leur terre justise
Sanz contredit à ma devise ;
Mès poi en ai, c’est mon domage.
Et tu qui as tel héritage,
Por qoi vés-tu si vielle robe ?
Saches cil te sert bien de lobe
Qui te loe si vil abit. »
— « Ha ! fole que Diex te l’abit,
Dist Avarisce la mauvèse.
Cuides-tu ore qu’il me plèse,