Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome II, 1839.djvu/63

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La Bataille des Vices contre les Vertus,


ou ci encoumence


LI DIZ DE LA MENSONGE[1].


Mss. 7218, 7633.


Séparateur



Puisqu’auteurs et auctoritez
S’acordent que c’est véritez
Qui est oiseus[2], de légier pèche,
Et cil s’âme trahist et trèche
Qui sanz ouvrer sa vie fine,
Quar tel vie n’est mie fine,
Por ce me vueil à oevre metre

  1. Legrand d’Aussy a donné un extrait de cette pièce dans le tome V des Notices des manuscrits, page 404. Parmi les réflexions qui précèdent son extrait, il en a dirigé contre saint Louis quelques-unes qui nous ont paru fort injustes, mais qui n’étaient peut-être que sévères à l’époque où Legrand d’Aussy écrivait (an vii de la République). Toutefois nous ne croyons pas qu’on puisse, à moins d’être aveuglé par l’esprit de parti, soutenir aujourd’hui que Louis IX fut l’un des souverains les plus médiocres et même l’un des plus funestes qu’ait eus la France. Peut-être le prince eut-il tort de soutenir aussi vivement qu’il le fit les ordres religieux, au détriment de corporations déjà établies, telles que l’Université, par exemple ; mais de cette faute (en admettant qu’il y en ait une à cela) aux assertions de Legrand d’Aussy il nous semble que la distance est grande. La piété extrême de saint Louis était relevée par d’éminentes qualités, et si nous voyons aisément en quoi son règne a été glorieux pour la France, nous n’apercevons point avec autant de facilité en quoi il lui a été funeste.

    La Bataille des Vices contre les Vertus est, comme beaucoup d’autres pièces de Rutebeuf, une satire contre les Jacobins et les Cordeliers.

  2. Ms. 7633. Var. Casseiz.