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LA LECTIONS D’YPOCRISIE

De vos moqueir et escharnir.
De ce vos vuel-je bien garnir,
Car la terre est de teil menière
Que touz povres fait laide chière.
Mains ruungent et vuident borces.
Et faillent quant elz sont rebources,
Ne ne vuelent nelui entendre
C’il n’i puéent runger et prendre,
Car de reungier[1] mains est dite
La citeiz qui n’est pas petite ;
Teiz i va riches et rians
Qui s’en vient povres mendianz.
Laiens vendent, je vos afi,
Le patrimoinne au Crucefi
A boens deniers, sés[2] et contans.
Si lor est à pou dou contanz
Et dé la perde que cil ait
Qui puis en a et honte et lait,
Qui l’achate ainz qu’il soit délivres ;
Rutebuez dit que cil est yvres,
Quant il achate chat en sac ;
S’avient puis que hon dit : eschac
De folie, matei en l’angle,
Que hon n’a cure de sa jangle.

« Avarisce est de la cort dame
A cui il sunt de cors et d’arme,

  1. Il y a ici en note, de la main de Fauchet, sur la marge du Ms. 7615 : Roma rodans manù. Tout ceci en effet est une allusion à la cour de Rome, et s’accorde très-bien avec une multitude d’autres passages de Rutebeuf.
  2. Sés, secs.