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ACTE DEUXIÈME


Une chambre de malade.




Scène PREMIÈRE


BLANCHE, dormant étendue sur une chaise-longue, ROBERT, LOUISE, LUCIEN

(Blanche gémit dans son sommeil. Les autres personnages causent à demi-voix, debout, près de la porte entr’ouverte. Lucien est devant la porte, Louise à sa droite. Robert leur fait face. Il se retourne avec inquiétude vers Blanche lorsqu’elle gémit.)

LUCIEN. — Que lui as-tu dit ?

ROBERT. — Rien encore. Et il ne faut rien dire. Le moment n’est pas venu. Sa haine ne s’apaise pas. Elle ne songe qu’à se plaindre du mal qu’on lui a fait et de l’insuffisance des vengeances possibles.

LUCIEN. — Il n’y a rien à faire.

ROBERT. — Il y a peu de fait. Ce n’est pas une raison pour désespérer.

LUCIEN. — Tu espères encore ! Maintenant que tu la connais ! Maintenant que tu sais la vulgarité de son langage, la vulgarité de sa pensée, la vulgarité et la dureté de ses sentiments.

ROBERT. — Je n’ai encore vu que ses vulgarités, parce que je n’ai pas encore pénétré jusqu’à son âme.

BLANCHE, s’agitant. — Louise !… Au secours !… Tuez-la !… (Il n’est pas nécessaire que ces paroles de cauchemar soient prononcées distinctement.)

ROBERT, plus bas que le reste du dialogue, montrant la porte d’un geste inquiet. — Elle va se réveiller.

(Lucien sort. Louise se hâte derrière lui. Blanche s’éveille, se soulève légèrement sur un coude, aperçoit un pan de robe. Robert va auprès de Blanche.)