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Robert, se levant. — Ils ne se tueront pas. Ils me l’ont promis. Et je resterai toujours auprès d’eux pour leur rappeler leur promesse… (Il regarde sa mère, attendant un mot qui ne vient pas.) Adieu, maman. (Il se dirige vers la porte.)

Blanche. — Robert, mon petit !… Reste… Tu es à moi… (Robert s’arrête, se retourne vers sa mère, attend en la regardant.) Mon enfant, mon enfant, ce n’est pas vrai, tu n’aurais pas le cœur d’abandonner ta mère !

Robert. — Si mon père est plus malheureux que ma mère, c’est mon père que je ne dois pas abandonner.

Blanche. — Robert, méchant enfant, tu ne vois donc pas que tu fais pleurer ta mère ?… Viens m’embrasser, mon petit, viens… Mais viens donc. (Elle s’est assise comme sur une chaise ordinaire, les pieds à terre. Elle ouvre les bras à Robert. Il fait un pas vers elle, ému. Mais il s’arrête.)

Robert. — Si…

Blanche. — Mais viens donc m’embrasser, je te dis… Oui, tout ce que tu voudras… Qu’ils soient heureux, mais que tu sois à moi, rien qu’à moi.

Robert, se jetant dans les bras de Blanche. — Merci, maman, merci.

(Un long silence.)

Blanche. — Faut-il que je t’aime, mon Robert. (Robert sonne.) Que tais-tu, mon enfant ?

Robert. — Tu vas voir.

(Un moment d’attente silencieuse.)




Scène V


LES MÊMES, UN DOMESTIQUE

Le Domestique. — Monsieur a sonné ?

Robert. — Dites à mon père et à ma mère que je les prie de venir.

(Le domestique sort.)