Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/198

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c’est supprimer. Expliquer, c’est ramener une chose à une autre. Mais une chose n’est pas une autre chose et rien n’est jamais totalement expliqué. Ce que j’explique et supprime dans mon esprit n’est ni expliqué ni supprimé hors de mon esprit.

N’est-ce pas Octave Mirbeau qui croit quelque part expliquer Platon en constatant que les pensées du philosophe dépendent de son intestin et que, si Platon n’allait pas à la garde-robe ?…

Sans doute, l’intestin commande au cerveau dans une certaine mesure, dans une mesure que nous ignorons. Dans une mesure que nous ignorons aussi, le cerveau commande à l’intestin : Flaubert, pendant qu’il décrivait l’empoisonnement de Mme Bovary, éprouvait des symptômes d’empoisonnement. Toutefois Mirbeau eût peut-être été embarrassé pour déduire de la pensée et du style des Dialogues l’état des intestins de Platon. Croyait-il aussi, ce Mirbeau, génial par la passion et par la puissance verbale, mais de pensée un peu grosse et naïve, que tous les intestins constipés concordent avec des cerveaux puissants ou avec des cerveaux inférieurs ? J’aimerais, comme un excellent humoriste, le médecin qui verrait ici une occasion heureuse d’appliquer la méthode des variations concomitantes.