Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/74

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mot nature dans une signification que j’appellerai anachroniquement stoïcienne et réservent ce nom à la raison. Protagoras déclare que la nature a donné à tous les hommes le sens du juste et de l’injuste ; — Alcidamas dénonce comme contraire à la nature la différence légale entre l’esclave et l’homme libre ; — au nom de la nature, Lycophron condamne la distinction entre les diverses classes de citoyens. Les sophistes ébauchent donc les deux grands individualismes : l’individualisme de la sensibilité et l’individualisme de la raison. Rien chez eux ne fait pressentir le délicat subjectivisme d’Épicure, mais ils présentent déjà, à côté de l’individualisme de la volonté de puissance, une forme intéressante de l’individualisme de la volonté d’harmonie.

Le premier grand nom de la sagesse est le nom de Socrate. Je néglige volontairement les Sept Sages. Il y a de tout dans ce bizarre assemblage. Des tyrans, et cruels, comme Périandre. Des savants, comme Thalès. Un seul vrai sage peut-être, Bias. La plupart auraient leur place dans une histoire de l’habileté plutôt que dans une histoire de la sagesse. Avant qu’épicuriens et stoïciens aient donné au nom de sage une noble signification, les Grecs, amis de la ruse, confondent volon-