Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/196

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Et l’ignominie de la politique envahira la moitié du pays qui jusqu’ici lui échappa. Les femmes se vantent — et avec raison depuis que nous votons — de nous être supérieures en moralité. Cette supériorité ne résistera pas à deux élections législatives.

Aline Valette — qui donne, en une langue peu correcte, des renseignements à nous faire rougir de honte sur les salaires de famine imposés à certaines travailleuses — et Camille Bélilon — qui fait gauchement, avec une verve insuffisante, une petite guerre taquine aux anti-féministes, — m’objecteront que l’égalité politique entraînera l’égalité économique. Je n’en suis pas certain : le vote de l’ouvrier ne gêne guère le capitaliste. Même si le fait se produit, je ne reste pas sans crainte : il se pourrait que les salaires des femmes ne fussent point relevés, mais ceux des hommes abaissés. Je redoute cette égalité par en bas.

Il est incontestable que la femme doit être l’égale de l’homme ; il ne l’est pas moins qu’un homme doit être l’égal d’un autre homme et une femme l’égale d’une autre femme. Quand la couturière et le pauvre bougre de mineur seront les égaux de Mme Pognon, je m’intéresserai à rendre Mme Pognon l’égale de Brisson ou de Deschanel. Mais il est ridicule de réclamer des droits