Page:Ryner - Le Subjectivisme, Gastein-Serge.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE II



rires divers


Dans la petite chambre où il était bien seul, le jeune homme ferma son Rabelais. Peut-être, il y a une heure, l’avait-il ouvert pour y chercher de la grossièreté et de l’ordure. Mais, parmi le fumier, voici, il avait rencontré le choc inattendu qui éveille. Maintenant, avant de penser, — comme le musicien prélude vaguement — il songeait.

Il entendait en lui un grand bruit de démolition : des murs qui tombent et qui ébranlent le sol. Et c’était une heure d’orgueil et de déchirement.

Tout à coup il se dit :

— Qu’importe toute la science, si je ne suis pas heureux ? Que me servirait-il d’être une lumière qui conquiert, enveloppe et pénètre le monde, si je perdais mon âme et ma joie ? Non, ce n’est pas boire, c’est rire qui est le propre de l’homme. Mais souvent, je m’en souviens, lorsque j’ai essayé de rire, j’ai amené à mes yeux des larmes.

Le coude sur la table, le front dans la main, il écouta ses voix intérieures, dialogue multiple et inquiet.

D’abord son incertitude se déploya aux flottements d’une longue interrogation :

— Jusqu’ici, on t’a tenu par des récompenses et des puni-