Page:Ryner - Le Subjectivisme, Gastein-Serge.djvu/42

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l’homme que tu aimes, te dis-je ; ce n’est pas le compatriote ou le coreligionnaire, ce n’est pas le soldat d’une cause. Une cause qui a besoin de soldats, tu ne l’ignores plus, est une mauvaise cause. Ton amour pour tous a la force de détester en chacun les chaînes naïves dont il se charge : patrie, doctrine politique, religion, règlements, statuts, lois et disciplines. Tu aimes assez tous les esclaves, serfs de la tyrannie d’autrui ou serfs de leur propre tyrannie, pour haïr tous les esclavages et mépriser tous les drapeaux. Plus tu deviens toi-même et ta réalité, plus aussi tu aimes chez autrui la réalité que les superficiels ne soupçonneront point. Maintenant, tu es. Lève-toi. Tiens-toi debout. Arme-toi uniquement de toi-même : volonté, patience et persévérance. Jusqu’à ce que la vie, le tyran ou les esclaves sourds te frappent mortellement, lutte contre les mensonges locaux et contre les mensonges actuels. Explique à tes frères que ce qu’ils croient la partie la plus précieuse d’eux-mêmes est leur pire ennemi : pauvres blessés qui, sur les points les plus sensibles, s’imaginent défendre leur intégrité, et ils protègent les gangrènes dont ils meurent.