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CHAPITRE PREMIER

Un magistrat comparaît devant
un homme libre


Assis sur un escabeau à l’entrée du hangar qui lui servait de demeure, Epictète méditait. Sur ses vêtements, le soleil occidental jetait la gloire flottante d’un manteau de pourpre. Mais une ombre fit retourner le philosophe. Les yeux méprisants d’un soldat regardaient, dans le vide large, la table, la lampe de terre et la vieille paillasse sans couverture.


le soldat

Lève-toi et viens avec moi.

Sans un mot, Epictète, de son pas claudicant, avait suivi.
Maintenant, il est devant le préteur.


le préteur

César, ton maître et le mien, m’a chargé de rechercher les philosophes et de les exiler non seulement hors de Rome, mais hors de l’Italie.


épictète

Tu parles mal. Il n’y a pas d’exil pour les philosophes ; ils sont citoyens, non d’Athènes, d’Hiéropolis ou de Rome, mais