Et, sans doute, tu es avec Théophile, ô amoureux des réalités.
Les vaincus sont aussi nécessaires que les vainqueurs, et ils peuvent être plus beaux. Le poète que je ne parviens pas à tuer en moi aime Socrate au-dessus des héliastes et Épictète plus que César. Mais l’historien n’a pas le droit de prendre parti. L’historien n’est pas une âme ; il est un esprit satisfait de connaître le passé et de prévoir quelquefois un peu d’avenir. Cependant, écoute ceci, Épictète : l’histoire affirme que nulle victoire matérielle n’est définitive. Après des siècles, Théophile sera vaincu.
La vérité est éternelle et elle n’abandonne jamais ses conquêtes.
Mais qui sera le vainqueur ? Est-ce Épictète ? est-ce Serenus ? est-ce Porcus ? est-ce moi ?
Comment ! toi qui ne combats point ?..
Une époque viendra où je serai un subtil destructeur… À dire le vrai, je crois que nous combattrons tous. Porcus même sera avec nous. Après la victoire, Porcus nous dressera des statues aux uns et aux autres. Quant au monde conquis, nous ne saurons qu’en faire et nous l’abandonnerons à Porcus.
Ainsi le monde serait livré pour toujours aux fous ou aux pourceaux !