ne méprise pas leurs présents. Je les honore en usant de la faculté qu’ils m’ont donnée de distinguer ce qu’ils ont fait pour moi d’avec ce qu’ils ont fait pour les autres. La chouette d’Athéna ne mangera pas ces figues, qui ne lui seraient pas nourrissantes ; mais de petits oiseaux viendront qui s’en nourriront eux et leur chant harmonieux. Ces figues ne sont pas la nourriture qui convient maintenant à la fermeté de mon âme… Pourquoi d’ailleurs mérites-tu toi-même les reproches que tu adresses aux autres ? Pourquoi ne manges-tu pas ces fruits que tu regrettes de voir inutiles ?
C’est que j’ai mangé assez de figues pour un repas.
Moi aussi. N’exige pas que ta mesure devienne ma mesure. Ces figues, maintenant que tu es rassasiée, seraient un poison à ton corps. Maintenant que je leur ai dit : « Non », si j’étais plus faible qu’elles, elles seraient un poison à mon âme.
Ô l’ingénieux ennemi de lui-même…
Je suis l’ami d’Arrien autant que tu es l’amie de Serena. Mais ils n’aiment pas les mêmes choses tous les deux, et les choses qu’ils aiment l’un et l’autre, il ne les placent pas au même rang dans l’ordre de leurs préférences. C’est pourquoi nous faisons à nos amis des présents différents : tu as offert quelques figues à Serena ; j’ai donné à Arrien une petite victoire.
Ces figues ne t’auraient fait aucun mal.
Tu continues la même faute, ô la plus belle des épicuriennes. Tu continues à vouloir être ma mesure. Tu es semblable à une