n’ose couvrir de risées la fille absurde. Mais on sourit, attristé, en se disant : « Voilà pourtant une fille d’Épictète ! » Et on hésite à s’avouer qu’elle est laide et qu’elle est folle.
Tu vois que je suis boiteux, que je suis vieux, que je suis laid. Je ne suis pas assez injuste pour me fâcher si on me dit ces vérités ou toute autre vérité. Donc, si quelqu’une de mes pensées te paraît boiteuse et faible comme moi, ne doute pas de le dire. Tu te dois et tu me dois d’être sincère.
Je rirais donc, ô Épictète, si un autre voulait me persuader que toutes les actions humaines sont vues par la divinité sans qu’une seule lui échappe. Car les hommes sont innombrables sur la terre et chacun d’eux s’agite beaucoup : on ne saurait voir tant de choses à la fois.
Ris sans te gêner, mon Serenus. Tu ne me blesseras point. Et tu auras raison de rire, toi qui ne veux pas comprendre que toutes les choses du monde ont entre elles une liaison.
Quand même je t’accorderais pour un instant ce lien universel, quel avantage en tirerais-tu contre moi ?
Je te ferais avouer que les choses terrestres sont régies par les choses célestes.
Comment me le ferais-tu avouer ?
Vois, te dirais-je, comme toutes les choses de la nature arrivent dans les temps marqués, comme chaque saison vient fidè-