Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gravir de si pénibles obstacles, il tombe sur le nez lourdement. Ses explications gourdes ne persuadent jamais et leur fausseté avocassière est visible aux yeux les plus naïfs.

Mais le drame d’aventures psychologiques est supportable lorsque le romancier a de l’imagination et de la verve. Chez Bourget la platitude de l’invention est aggravée par la lenteur du récit et la gaucherie de l’analyse : une Beauce traversée en une charrette grinçante et brimbalante. La phrase maigre et monotone tisse interminablement de l’ennui et, parmi les bâillements longs et répétés, le lecteur songe nostalgique à Barbey d’Aurevilly, comme, perdu dans un feuilleton morne de Jules Mary, il songerait au père Dumas.

D’autres fois, notre psychologue prend n’importe quelle anecdote insignifiante et s’efforce de nous intéresser au mécanisme intérieur des personnages. Malheureusement ses démonstrations anatomiques sont faites sur des mannequins bourrés de paille et, si on les applique à des êtres vivants, on s’aperçoit qu’elles forment — épines sèches et fleurs fanées — le plus banal fagot d’erreurs connues et de vérités triviales.

Romans, nouvelles, voyages, critique, toute