Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/151

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trueux, infini, ce déluge de mots, pendant des pages, pour ne jamais aboutir, pour ressasser indéfiniment un lieu-commun misérable, sans espoir de rencontrer, je ne dis pas une idée, mais une image, un semblant d’image qui n’ait pas servi un million de fois ! Cela fait penser à la masturbation d’un cadavre. »

À propos de certaines affirmations contenues dans ce livre, j’aimerais pourtant causer avec Léon Bloy. Souvent j’arrive, par un chemin différent, aux mêmes conclusions. Nous ne serions pas toujours d’accord, cependant. Je ne méprise pas moins que lui les derniers livres de Zola. Il est visible que ce romancier épuisé jusqu’à la lie n’avait plus rien à dire depuis longtemps et qu’il continuait à travailler pour gagner de l’argent. Peut-être aussi la besogne mécanique de remonter ses vieilles marionnettes et de ranger dans un ordre différent toute sa vieille armée de formules invariables, lui était nécessaire comme un mouvement endormeur, comme un balancement monotone sans lequel il eût craint de s’éveiller enfin à la douleur de penser.

Mais pour certaines pages anciennes, pour tels mouvements de foule, par exemple, qui traversent Germinal ou La fortune des Rougon, j’en