Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/206

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racle ? Le symbole. Mais, pour Lacuzon, le symbole ne se constitue pas, comme le veut une école récente, « d’invraisemblables métaphores d’une complexité déroutante, sinon d’un agrément de rébus ». Synthèse vivante, union mystérieuse du subjectif et de l’objectif, le symbole dit à la fois la nature avec sa poésie immanente et l’émotion de cœur et d’esprit du poète, son « immense extase de conviction », sa « compréhension véritablement affective ». « Sur les confins extrêmes des réalités sensorielles », cette incantation puissante « découvre à l’âme humaine son infini nostalgique ».

Pas plus que le grand méditatif de La Maison du Berger, l’auteur d’Éternité ne vient rêver seul devant la nature. Une Eva, plus imprécise encore que celle de Vigny et plus puérile, se presse contre lui pendant que le ciel n’est à ses yeux

Qu’un vaste embrasement de prière exaucée.

Un baiser semble unir « la vie au rêve ». Mais ici, le plus faible des deux amants tremble de froid, de solitude invaincue et aussi, soudain, d’une présence effroyable et douce, de plus en plus envahissante, car

Tout rêve est un regard infini vers la mort.