Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/213

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jusqu’au calme, car devant lui il apercevra, se confondant, s’unifiant, prometteuse d’il ne sait quelles joies pour les futures destinées : l’enfançonne dont le sourire précipita sa marche jusqu’à la chute ; la femme qui l’arrêta quelques jours et l’attarda des années.

L’itinéraire platonicien du poème pourrait faire supposer une œuvre de noblesse hautaine et un peu froide. Le livre est, au contraire, d’intensités, et, par je ne sais quelle magie, son harmonie est faite de contrastes inattendus, de brusqueries soudaines.

Car le poète est complexe, savant, fougueux, amoureux du détail. S’il est platonicien, c’est comme on le fut à Alexandrie ; mais beaucoup de ses paroles et de ses gestes et de ses rires scandaliseraient les jardins d’Académus.

J’ai pu tracer la carte du voyage auquel nous invitent les Chansons Éternelles. À qui n’a point visité le pays il est impossible de faire même entrevoir la multiplicité des incidents, la diversité des points de vue et comment la route se peuple de rencontres, de sourires et de cauchemars. Impossible aussi de dire les ressources verbales, syntaxiques, rythmiques, du poète. Ses moyens d’expression — de l’alexandrin au