Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/309

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ses doigts grossiers salissent la mémoire de son père.

La comtesse Mélusine est un ange tombé dans une bavarde. L’ange doit souffrir beaucoup. Il recommande : « Dites donc en peu de mots l’essence même des idées ». Et il explique gentiment : « L’oreille, comme l’œil, apporte au cerveau des sensations d’autant plus précises que le caractère écrit, la ligne tracée ou l’exclamation prononcée sont plus synthétiques ». La bavarde n’entend pas, — heureusement. Si elle entendait, elle répéterait en cent pages les trois lignes substantielles.

Ô bavarde, je ne vous pardonne point d’avoir délayé aux huit cent dix pages de l’Initiée les propos de l’ange et transformé en ronron endormeur le rythme vivant de sa parole. Je ne vous pardonne point vos périphrases à longue traîne ni les interminables et pédantesques discours dans lesquels vous noyez les idées les plus belles avec les plus indifférentes banalités. Je ne vous pardonne point, parleuse intarissable, les étourderies et les lapalissades où vous tombez. Je ne vous pardonne pas non plus l’encombre-