Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/314

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clament, ces juifs de cœur, aussi haut que leurs frères reniés, les israélites de naissance : Que l’industrie soit ! « Assoiffés du désir de toutes les possessions », ils ont le même goût « pour tout ce qui est luxueux, riche, vite réalisé ».

Soyez remerciée, Mélusine, pour les profondes joies que vous m’avez données. Votre critique d’aujourd’hui est juste comme la lumière. Vos espoirs pour demain sont irréalisables et vos moyens puérils ; mais, si vous confondez, ange enfant, le rêve avec la vie, du moins vos rêves sont des sourires de beauté et dissipent les songes des réformateurs vils, cauchemars écrasants pour tout esprit un peu noble. Vous savez quels sont les vrais biens ; vous connaissez l’emplacement réel du paradis et le chemin qui y conduit. Votre erreur est de croire que le sentier raide et étroit peut donner passage à la foule. L’exode, ô Mélusine, chaque fois qu’on l’a tenté, est devenu, sous le nom de révolution, une chute grouillante et lourde, une rouge avalanche humaine. Mais votre erreur est belle comme celle de Jésus et de Tolstoï. Malgré tous ses défauts, j’aime votre livre. Il donne à qui sait lire la joie du plus merveilleux des spectacles : l’allure libre d’une de