Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/330

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Quel rhéteur naïf soutiendrait encore après t’avoir lu que l’ironie veut faire entendre uniquement le contraire de ce qu’elle dit ? Sous les reflets trompeurs de ton ironie, la lettre vit d’un peu de l’esprit et l’esprit s’alourdit d’un peu de la lettre. Délicieux M. Bergeret, ta phrase ne méprise pas tout à fait Napoléon quand tes mots le glorifient. Et la preuve c’est que, malade des petites vanités de nos petits Napoléons, tu as fait, tout comme Hanotaux, le nécessaire pour être de l’Académie française. Te dirai-je ma pensée entière, séducteur que quelques-uns proclament divin parce que tu es féminin, toi dont la langue lumineuse fait rêver de loin aux splendeurs de Platon et qui, regardé de près, n’es plus que madame Renan ?…

Renan diminué, Renan plus joli, Renan de salon, Renan journaliste, ô gracieux Renanet, tu as plus de vanité intellectuelle que de joie intellectuelle. Frôleur d’idées, faiseur d’idées demi-vierges, tu ne fécondas jamais aucune de tes épouses d’une heure. Quand tu couches avec la blonde, tu songes à la brune ; et tu te prouves ingénieusement que la belle est laide ou que la laide est belle.

Seules, les nobles constructions équilibrées