Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/332

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Il y a d’abord M. Bergeret en qui l’auteur se portrait et se parodie. Se parodier soi-même, manière aimable de se faire accepter tout entier. Le procédé donne la liberté de ne pas choisir ; permet d’être soi en toute richesse complexe, sans souci d’harmonie ; autorise l’impudeur d’étaler sa beauté et ses verrues. On peut ainsi s’abandonner aux jolis pédantismes qu’on aime, et personne ne vous appellera pédant.

Pédantisme souriant de M. Bergeret, tu es, comme tout pédantisme, fait de passivités vaniteuses. C’est toi qui inclines France à tant de pastiches de style et de pensée. Tu le conduis, converti chaque fois, au jardin d’Épicure aux solitudes errantes de François d’Assise ou parmi nos collectivistes. J’admire en la méprisant un peu cette souplesse d’Alcibiade de librairie, cette faculté d’adaptation qui fait tant de choses d’Anatole France et même « un homme de bonne volonté » parmi les naïfs constructeurs de la cité future.

Plus encore que M. Bergeret, j’aime Riquet. Le chien Riquet, Anatole France s’en doute bien un peu, est le plus humain de ses personnages. Il met en Riquet, le malicieux, toute l’humanité instinctive qu’il veut railler. Riquet a