Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/357

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paradoxes spéciaux avec une foi de son choix, curieusement faite d’ironie fervente et de caprice raisonné ». Je montrerais ensuite que, malgré son affectation d’élégance indifférente, malgré la coquetterie qui lui fait présenter les pensées les plus aimées comme des paradoxes souriants, la part du voulu et de l’artificiel est faible dans la beauté de l’homme et de l’œuvre. Tout vient ici d’une source unique dans les profondeurs quoique doublement jaillissante : le sentiment de la réalité de l’individu, le sentiment de l’irréalité de tout le reste. J’étudierais Rémy de Gourmont idéaliste, puis — comme par la clarté cette intelligence est allée à la « noblesse dédaigneuse » — je dresserais Rémy de Gourmont stoïcien.

Mais je cède à un désir qui m’entraîne loin de ce programme de justice. Dans le plus riche de ses livres, La culture des Idées, Rémy de Gourmont intitule un chapitre important Du Style ou de l’Écriture. Et, comme tout le monde depuis quelque temps, Rémy de Gourmont emploie indifféremment l’un ou l’autre des deux mots, en fait des synonymes équivalents. Pour peu qu’on continue, le mot « écriture » devenu inutile périra dans son acception