Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/93

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La main, lourde, gauche, ne déplairait pas en plein air, au rythme des besognes rurales ; elle amuserait quand, à la veillée, son geste franc et qui s’ignore accompagnerait quelques massives plaisanteries ballotées aux vagues du rire. Hélas ! toute chargée de bagues prétentieuses, elle trace, dans un salon précieux et ridicule, des sinuosités mièvres.

Cet Albert Boissière est composé de bonne grosse sottise, de malice grossière, de sentiments bas. Mais il a de l’ambition. Paysan parvenu cabotin, il s’écoute parler et, sans doute, se regarde écrire, ébloui, dans « la confidence de la glace. » C’est le pitre forain excellent à faire la parade, à recevoir les gifles sur une joue trop rouge pour rougir et à espérer courbé les coups de pied au cul : pourquoi faut-il qu’il rêve des élégances du jeune premier et qu’il s’acharne à parler avec une recherche plus comique que ses lazzis ?…

Il pourrait avoir de la malice champêtre et faire au guignol Flammarion un passable « auteur gai. » Vraiment oui, dès qu’il condescend à quelque simplicité, sa sottise est amusante de