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contes de la haute-bretagne

Vers dix heures, le meunier vit descendre par la cheminée un petit Guersillon[1] qui lui dit :

— Houhou ! qu’il fait froid !

— Chauffe-toi.

— Faut-il tourner la broche ?

— Oui, mais ne la jette pas dans le feu.

Le petit Guersillon jeta la broche dans la cendre, et comme le meunier s’approchait pour le battre, il le prit par le fond de ses culottes et le mit derrière la porte à la place où est le balai. Il était si battu, si moulu, qu’il ne pouvait guère bouger ; quand il entendit les autres revenir, il mit les seaux près de lui, et comme ils lui demandaient pourquoi il n’avait pas sonné, il leur dit qu’il s’était démis la jambe en apportant un tour d’eau.

Le lendemain, le charrueur resta à la cuisine pendant que les autres étaient à la chasse. Vers dix heures, il vit descendre par la cheminée un petit Guersillon qui lui dit :

— Houhouhou ! qu’il fait froid !

— Chauffe-toi.

— Faut-il tourner la broche ?

— Oui, mais ne la jette pas dans le feu.

Le petit Guersillon jeta la broche dans les cendres, et comme le charrueur s’approchait pour le punir, il le prit par le fond de ses culottes, et l’ayant secoué rudement, il le mit derrière la porte à servir de balai.

Quand les deux autres revinrent de la chasse, ils le trouvèrent à moitié mort.

Le troisième jour, Quarante-Ans resta à la maison. Vers dix heures il vit descendre par la cheminée le petit Guersillon qui lui dit :

— Houhouhou ! qu’il fait froid !

— Chauffe-toi.

— Faut-il tourner la broche ?

— Oui, mais ne la jette pas dans le feu.

Au moment où le petit Guersillon venait de jeter la broche dans

  1. Grillon, c’est probablement un nain.