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158 LA CHANCE

ou disparaissent même tout à coup. Les pêcheurs expliquent ce fait par des légendes. A Belle-Isle il y avait autrefois dans un village au bord de la mer un petit oratoire dédié à saint Joseph, auquel les marins, après la pêche, allaient faire leurs dévotions. Un jour quelqu’un fit cadeau à cette chapelle d’un saint Pierre, et on relégua saint Joseph dans une grotte à l'extrémité de l’île. Un soir un pêcheur qui rentrait dans son bateau vit, au lieu de la statue, saint Joseph en personne, à côté duquel se trouvait une dame blanche, sans nul doute la sainte Vierge, qui essayait de le consoler. Il paraît qu’elle ne réussissait pas puisque le pêcheur vit rouler sur la joue du saint une larme grosse comme un quartier de roche ; elle était si amère que la mer devint là plus salée qu’elle ne l’était jadis, et les sardines, ne la trouvant plus à leur goût, firent un grand détour pour ne plus passer par là,et c’est pour cela qu'on n’en voit plus autant qu’autrefois sur cette côte (1).

1. Herpin, in Revue des Trad. pop., t. XIII, p. 98.