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L’ENFANCE DU PÊCHEUR

Quelquefois, lorsque les maisons sont construites, les enfants élèvent des murnilles pour les protéger contre la mer montante, en répétant d’une voix monotone : « Rien sur mon passage. » Ils croient que ce sont les habitants de la mer qui détruisent leurs travaux, et ils murmurent contre eux en disant : « Ils sont toujours saouls ; ils ne savent ce qu’ils font ; s’ils ne buvaient pas tant, ils n’abattraient pas nos maisons. »

Beaucoup de ces constructions se font à la marée montante, et leurs auteurs, après y avoir bien travaillé, semblent prendre plaisir à arrêter pour quelques instants la grande mer, qui ne tarde pas cependant à anéantir leur fragile ouvrage. L’idée de lutte et de défi est assez apparente dans quelques-uns des faits qui suivent. Lorsque les monticules sont achevés, les petits pêcheurs montent dessus et y restent jusqu’à ce que la marée les ait entourés et ait commencé à en ronger la base. En se retirant devant la mer, ils lui jettent des pierres en disant :