Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/207

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MADAME CATULLE MENDÈS 201 Tant de désirs vivants m'ont dédié leur flamme ! Et c'étaient des instants plus jamais oubliés ; Les velours de la nuit et l'azur m'ont aimée. Les fleurs sont dans mes mains lentes à se faner Et semblent au jardin vouloir m'environner ; Puis, c'est près de la mer que ma voix s'est rythmée ; Plus sublime que tout ce que l'on peut savoir, La mer par qui le ciel incliné, ressuscite, La mer qui, comme un dieu créateur, me visite Et qui m'a délégué son plus charmant pouvoir ; Je redonne la vie aux perles que je porte, Et dans un lit, un jour, rien ne peut l'empêcher, Ne sachant plus subir un soupir, un toucher, Inerte, supprimée, un jour, je serai morte. Sans me blesser vraiment, sans même m'amoindrir, Les plus vils des humains m'ont méchamment visée. Et malgré que l'Amour m'avait éternisée. Ignorant qui l'exige, il me faudra mourir. (Le Cceur Magnifique.) UNE FEMME PARLE Quand je mourrai Viens à mon chevet Regarde-moi Et je ne pourrai plus mourir. Jota o'Ai^DALOusiE. « Sans aveux, sans soupirs, tous deux inaltérables, Dans la complicité d'un silence inouï; Parmi le monde épars et comme évanoui, Nous avons confondu nos cœurs incomparables. « L'espace d'un instant qui ne peut pas finir. Nous avons délivré notre âme solennelle; C'est toujours le présent pour la joie éternelle. Nous ignorons l'espoir comme le souvenir, « Aucun mot n'a capté le feu de notre ivresse, Aucun embrassement iie contint notre amour,