Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la diversité en était telle qu’une catégorie spéciale de marchands s’occupa du change : les changeurs. Puis, de bonne heure, fut instituée la lettre de foire, qui ne tardera pas à donner naissance à la lettre de change ; c’est que le règlement des comptes ne pouvait plus seulement se faire au comptant, qu’il devait aussi se faire à terme. Plus importante encore, comme l’a si bien montré M. Huvelin, nous apparaît l’extinction des dettes par voie de compensation des lettres de change échues aux foires, c’est-à-dire les virements de parties ou scontration.

On voit comment le capitalisme commercial donne forcément naissance au capitalisme financier, qui contribue à "son tour, par la circulation active qu’il fait naître, à l’accumulation des capitaux.

Puis un autre élément entre en jeu, que M. W. Sombart a fort bien mis enlumière : ce sont les besoins d’argent sans cesse croissants des grands États princiers ou monarchiques. Leurs emprunts enrichirent tous ceux qui se livraient au commerce de l’argent : percepteurs de taxes, prêteurs, banquiers, etc. La naissance du crédit public semble avoir fortement contribué au développement des grandes puissances financières, qui apparaissent à l’aurore des temps modernes.

Une autre manifestation de l’évolution capitaliste, ce fut la création des bourses, qui se développèrent de plus en plus à partir du XVIe siècle et supplantèrent peu à peu les grandes foires. Toutes les opérations, qui, dans celles-ci, n’étaient que périodiques, devinrent quotidiennes ; l’on comprend alors à quel point les bourses contribuèrent aux progrès du capitalisme.

La pratique des changes, qui ne cessait de s’accroître, obligea les gouvernements, sinon l’Église, à reconnaître comme légitime le prêt à intérêt. Or, le prêt à intérêt est l’un des fondements essentiels du capitalisme mo-