Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/308

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avait eu l’audace de venir chez elle et qu’ayant vu sa lettre laissée ouverte sur la table, il l’avait prudemment emportée pour la brûler.

Geneviève n’y pensa donc plus et ne s’en inquiéta pas. Elle demanda à Pélagie et à Rame de ne pas parler à Mlle Primerose de la lettre de Georges ni de la réponse qu’elle y avait faite. Elle prévint aussi ses fidèles amis qu’elle demanderait à Mlle Primerose de retourner à Paris le plus tôt possible, sous prétexte de changer d’air pour achever de se remettre.

« Et surtout, mes bons amis, préparez tout sans qu’on le sache dans le château, pour m’éviter une entrevue avec mon oncle ; je n’aurais pas encore la force de la supporter. »

Pélagie et Rame lui promirent que personne n’en saurait rien.

Quand Mlle Primerose rentra, elle était si fatiguée qu’elle se jeta dans un fauteuil et demanda un verre de vin et des biscuits pour se remonter.

Geneviève.

Ma bonne cousine, pendant votre absence je me suis demandé ce que nous faisions ici ; nous y sommes prisonnières, n’osant sortir, de crainte de nous rencontrer avec mon oncle et son fils, ne voyant personne, mangeant chez nous comme des recluses, osant à peine prendre l’air à nos fenêtres, de peur d’être aperçues. Je sens pourtant que j’ai besoin d’air et de mouvement ; et surtout j’éprouve le vif désir de quitter cette maison, de changer d’air. Si nous pouvions retourner chez nous à