Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/334

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« Si Jacques était avec moi, je n’aurais peur de personne ; il me protégerait contre eux et contre tous. »

Ces réflexions l’attristèrent un peu ; elle chercha à se distraire en s’occupant ; elle dessinait bien et faisait très bien des portraits à l’aquarelle.

Quand elle eut déballé et arrangé couleurs, pinceaux, papier, palette, etc., elle regarda la pendule ; il était six heures.

« Il ne vient pas : c’est singulier ; il sait que nous dînons à six heures et demie. »

Enfin la porte s’ouvrit et Jacques entra.

Geneviève.

Te voilà enfin, mon ami ; je t’attends depuis longtemps.

Jacques.

Depuis longtemps ? Il est à peine six heures.

Geneviève.

Six heures passées, monsieur ; et tu sais que nous dînons à six heures et demie.

Jacques.

Eh bien, je ne suis donc pas en retard.

Geneviève.

Je te trouve toujours en retard, Jacques, quand je t’attends. »

Jacques sourit.

Jacques.

J’ai beaucoup à faire, ma bonne petite Geneviève ; je ne t’ai pas encore dit que je suis obligé de te quitter dans quinze jours ou un mois, pour longtemps et peut-être pour toujours. »

Geneviève devint pâle, tremblante.