Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/128

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Le silence du marié fit lever les yeux à l’adjoint. Amanda pinça le bras de Moutonet, qui frémit sous le pinçon vigoureux de sa douce fiancée.

« Aïe ! Oui ! oui ! oui ! » s’écria-t-il d’une voix éclatante.

Ce fut un rire général, auquel les parents eux-mêmes se joignirent.

« Et vous, Amanda-Olivette-Prudence Robillard, consentez-vous à prendre pour époux Simplice-Parfait-Fortuné Moutonet ?

– Oui ! » répondit sans hésiter, d’une voix retentissante et vibrante de colère, la robuste fiancée.

Un nouvel éclat de rire partit de tous les côtés. La cérémonie s’acheva au milieu d’une gaieté bruyante, à laquelle ne participèrent pas les mariés. Moutonet regardait Amanda d’un œil suppliant, et Amanda lui répétait sur tous les tons :

« Tu me le payeras !… Tu ne l’emporteras pas en paradis !… Tu verras si je sais me venger !… Je t’apprendrai à me faire des affronts. »

Le pauvre Moutonet était plus mort que vif ; ses excuses les plus humbles, faites à voix basse, ne firent qu’exaspérer Amanda, qui se sentait observée et qui comprenait le ridicule de sa position.

Quand les actes de mairie furent présentés pour être signés, l’adjoint dit à haute voix :

« Ceux d’entre vous qui ne savent pas signer devront faire une croix en place de signature. »

Quand le général s’avança et prit la plume :