Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Félicie.

Et à quelle heure t’es-tu levée ?

Gertrude.

À six heures, comme d’habitude. J’ai été à la messe de sept heures, comme toujours ; j’ai déjeuné et nous sommes parties.

Félicie.

Avec qui vas-tu à la messe ?

Gertrude.

Avec ma tante de Saintluc quand maman ne peut m’y mener. Pauvre maman ! la voilà bien loin de moi. Pourvu que je ne lui manque pas trop ! Elle est si bonne ; elle m’aime tant ! »

Les yeux de Gertrude se remplirent de larmes ; elle voulut sourire à Félicie pour ne pas l’attrister, mais, au lieu de sourire, ce furent des larmes qui coulèrent, et elle pleura.

Félicie la regardait avec surprise.

« Tu pleures pour un mois de séparation ? lui dit-elle.

Gertrude.

Je n’ai jamais quitté maman, et je l’aime tant ! »

Félicie ne disait rien. Gertrude essuya ses yeux et chercha à reprendre sa gaieté.

Gertrude.

Tu as raison ; c’est bête ! Tu vois comme je suis enfant ; entre nous deux, c’est toi qui es la plus raisonnable. »

Félicie, flattée, l’embrassa. La cloche du déjeuner sonna.