Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/205

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et ses bords ; il reconnut tout de suite les meilleurs endroits, y plaça Gertrude, Juliette, Laurent et Anne, et donna à Félicie le poste le moins avantageux.

« Quant à moi, dit-il, je promènerai ma ligne de tous côtés et je surveillerai les pêcheurs, de crainte d’accident. »

Gertrude prit un poisson au bout de cinq minutes, puis un second et un troisième, pendant que Laurent et Anne, quoique aidés par leur bonne, n’en avaient qu’un, et Félicie pas un seul ; le poisson ne mordait même pas à son hameçon.

« On m’a donné la plus mauvaise place, dit-elle d’un air mécontent.

Gertrude.

Veux-tu la mienne ? Je suis fatiguée.

Félicie.

Fatiguée ! Déjà ? Tu n’es pas forte sur la pêche.

Gertrude.

Non, j’ai toujours été maladroite.

Le général.

Et pourtant tu as déjà pris trois poissons.

Gertrude.

Parce qu’ils se sont entêtés à se laisser prendre, mon oncle ; je ne tire jamais à temps. S’il en venait un gros, je suis sûre que je le laisserais échapper ; Félicie, qui est adroite, s’en tirera beaucoup mieux que moi. »

Et Gertrude passa sa ligne à Félicie, qui la prit avec empressement.

« Bonne fille ! lui dit le général. Ta tante Hélène a bien raison.