Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/209

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discrétion… Et pourtant il ne faut pas te laisser croire Félicie plus mauvaise qu’elle ne l’est… Ma foi, tant pis, je vais te dire tout. Tu es discrète, j’en suis sûr. Es-tu discrète ?

Gertrude.

J’espère que oui, mon oncle ; il me semble que je ne parlerai jamais de ce que vous m’aurez dit sous le sceau du secret.

Le général.

Bon ; alors je vais t’expliquer ce que tu ne peux pas comprendre. »

M. d’Alban lui raconta la rencontre fatale de Félicie avec le chemineau ; les regrets de ce dernier ; ses excuses, son vif désir de réparer le mal qu’il avait fait ; sa discrétion, sa conduite délicate, le ressentiment de Félicie, l’effort qu’elle avait fait la veille et l’avant-veille pour parler amicalement à cet homme qui s’était oublié dans son ivresse au point de la frapper ; ensuite, sa rencontre à lui avec le brave Diloy à la noce des Robillard ; toutes les impertinences de Félicie et des Castelsot, et enfin sa dernière conversation avec Félicie au retour de la noce et le lendemain.

« Pauvre Félicie ! dit Gertrude. Je comprends ce qu’elle a dû éprouver ; c’est beau à elle d’avoir pardonné une si grande offense et une si terrible humiliation.

Le général.

Qu’aurais-tu fait, toi, à sa place ?

Gertrude, avec hésitation.

Je ne sais pas trop, mon oncle… Vous savez