Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/242

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de son cœur et de sa raison. Diable de petite fille ! Il y a deux heures à peine qu’elle se jette, à notre barbe à tous, dans les bras de cet homme ; qu’elle l’embrasse comme du pain… Et puis elle vous reprend ses airs de pimbêche, de princesse offensée, et vlan !… elle vous lance un non bien conditionné. Et tout cela parce que tu as la niaiserie de la consulter.

Madame d’Orvillet, souriant.

Mon pauvre ami, tu as raison, mais songe au caractère de Félicie. Tu oublies son aventure avec Diloy et combien elle en a été humiliée.

Le général.

Je n’oublie rien du tout, et je suis bien sûr que Gertrude aurait agi tout différemment.

Madame d’Orvillet.

Je le crois comme toi, mon ami. Mais Gertrude a presque trois ans de plus et…

Le général.

Et un caractère d’ange, un cœur d’or, un esprit, une intelligence admirables…

Madame d’Orvillet, tristement.

C’est précisément pour cela qu’il ne faut pas la comparer à ma pauvre Félicie, qui n’a rien de tout cela. »

Le général s’arrêta, regarda sa sœur, et, voyant des larmes prêtes à s’échapper de ses yeux, il s’assit près d’elle, l’embrassa tendrement et dit :

Le général.

Pardonne-moi, ma bonne Hélène ; je t’ai chagrinée, je t’ai parlé durement, toi si douce et si