Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/253

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Le Général.

Et toi, Gertrude, qu’en dis-tu ?

Gertrude.

Mon oncle, je trouve que vous les avez menés un peu rondement, tout en ayant raison.


Le Général, riant.

Je les ai roulés un peu vivement en dehors de votre chemin, pour que Félicie n’ait plus à subir la mauvaise influence de ses amis Futé. Je crois que tu ne les regrettes pas beaucoup, Félicie ?

Félicie.

Je suis enchantée de ce que vous avez fait, mon oncle ; m’en voilà débarrassée. Leurs mines effarées me faisaient plaisir à regarder. Les cheveux du père étaient hérissés à la fin. Ah ! ah ! ah ! qu’ils étaient drôles !

Le Général, fronçant le sourcil.

Tu es un peu méchante, Félicie ! Tu les aimais tant il y a deux jours ! et aujourd’hui tu ris de leur humiliation.

Félicie, avec hauteur.

C’est que vous m’avez appris ce qu’ils étaient, mon oncle ; et je ne veux pas que des Futé puissent se dire ou même se croire mes amis.

Le Général.

Les grands airs ! Prends garde aux grands airs !… Les Futé honnêtes eussent été très agréables à voir ; ce sont les Futé voleurs et impertinents que j’ai chassés. N’oublie pas, Félicie, qu’un ouvrier honnête est plus estimable qu’un prince sans foi et sans moralité. »