Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/255

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Diloy.

Je ne peux pas vous le dire, mam’selle, mais il s’agit pour moi d’être heureux ou malheureux. Si l’affaire réussit, je suis le plus heureux des hommes ; si elle manque, c’est que j’ai mérité punition, et je quitterai le pays pour aller travailler ailleurs. »

Félicie rougit beaucoup ; elle comprit que sa mère et son oncle lui avaient parlé de leur projet, et elle sentit péniblement qu’elle seule s’opposait au bonheur de cet homme qui lui avait sauvé la vie.

Touché enfin de son humble résignation, elle se rapprocha de lui et resta un peu en arrière de Mme de Saintluc et de Gertrude.

«Diloy, dit-elle en souriant, je connais votre affaire ; je crois qu’elle se fera. Venez avec moi jusque chez maman ; elle cherche un jardinier, je lui en présenterai un.

Diloy.

Vous, mademoiselle Félicie ? Vous ! serait-il possible ? Vous auriez la bonté de consentir… ?

Félicie.

Chut ! Diloy, chut ! vous savez que nous avons un secret à garder entre vous et moi. J’ai été méchante pour vous, mais je ne le serai plus, je vous le promets.

Diloy.

Chère petite demoiselle, voyez où ce que nous sommes ; pouvez-vous, à cette même place où je me suis couvert de honte par ma brutalité, me redire que vous me pardonnez ?

— Très volontiers, mon ami. De tout mon cœur