Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/302

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un pain de quatre livres sous le bras, une bouteille de vin à la main, et une terrine couverte de l’autre.

Ma bonne fille, lui dit le général, pourquoi n’as-tu pas dit à un des gens d’apporter tout cela ? Dans quel état tu es ! Tu es en nage, ma pauvre enfant.

— C’est que j’ai toujours couru, mon oncle, répondit Gertrude. Ces pauvres Marcotte se querellaient si fort ! j’ai eu peur qu’ils ne se fâchassent pour tout de bon, et les gens étaient tous occupés à la charrette. Ils avaient assez à faire. »

Le général lui essuya le front, couvert de sueur, et le lui baisa.

« Excellente enfant ! Comme ta tante avait raison ! »

Il lui enleva de force sa terrine et sa bouteille, et il l’accompagna jusque chez les Marcotte.

Le général.

Qu’as-tu donc dans cette lourde terrine ?

Gertrude.

Du bouillon, mon oncle, avec quelques morceaux de bœuf. Ils n’auront plus qu’à réchauffer leur dîner, qui se trouve tout cuit d’avance.

Le général.

Tu as pensé à tout, ma bonne petite.

Gertrude, vivement.

C’est ma tante qui a fait ajouter la terrine, mon oncle ; je lui avais demandé la permission d’emporter du pain et du vin ; ma tante, qui est si bonne et qui pense à tout, elle, m’a dit de faire