Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/325

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ange, et je me sens un vrai démon auprès de toi. Ce que tu as dit est vrai ; je le vois, je le sens ; j’ai voulu lutter contre la vérité, mais quelque chose en toi, que je ne peux définir, m’oblige à la reconnaître.

Gertrude.

Ma bonne et chère Félicie ! Quel bonheur tu viens de me donner ! Tu veux décidément te faire aimer ?

Félicie.

Oui, comme toi, ma chère Gertrude. Je t’imiterai en tout : je tâcherai, du moins ; je te consulterai sur tout ! Quel malheur que tu ne restes pas toujours ici ! Quand tu seras partie, je n’aurais plus personne pour me diriger.

Gertrude.

Et ma bonne tante ! Et mon excellent oncle ! Le meilleur des hommes, le plus indulgent, le plus aimable. Ma tante, le modèle des mères, toujours bonne, toujours dévouée, toujours sage dans ses conseils. Bénis Dieu, ma Félicie, d’avoir des guides, des exemples pareils !

Félicie.

Tu as raison, mais je suis plus à mon aise avec toi. Tu es ma semblable ; eux sont mes supérieurs. Je les crains un peu.

Gertrude.

Tu les craignais quand tu faisais mal ; mais, quand tu seras devenue ce qu’ils sont eux-mêmes, tu les aimeras trop pour les craindre, et ils t’aimeront trop pour te gronder.