Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/53

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qu’il est humble et modeste ; qu’il vient vous faire des excuses parce qu’il croit vous avoir manqué ; qu’il reçoit vos injures sans vous les rendre, et que…

Le baron, indigné.

J’aurais bien voulu voir qu’il eût osé me répondre sur le même ton !

Madame d’Orvillet.

Qu’auriez-vous fait ?

Le baron, hésitant et se calmant.

Je l’aurais… je l’aurais… Ma foi, je ne l’aurais pas touché, parce qu’il est quatre fois fort comme moi, mais j’aurais appelé mes gens pour lui donner une raclée.

Madame d’Orvillet.

Que vous auriez chèrement payée, car là encore vous vous faisiez une mauvaise affaire.

Le baron.

Allons, allons, comtesse, vous voyez des affaires partout.

Madame d’Orvillet.

Je les vois là où elles sont, monsieur. En France, la loi protège tout le monde ; il n’est pas permis de maltraiter un homme sans en être puni par la loi. »

Cunégonde était rentrée dans la salle à manger.

Cunégonde.

Je savais bien que ce paysan mentait ; il a été obligé d’avouer son mensonge. C’est un coquin que cet homme.

Laurent.

Pourquoi coquin ? Il n’y a rien de coquin dans ce qu’il a dit.