Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/59

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dressa lentement, et on reconnut le chemineau qui les occupait tant depuis une heure. Il se leva tout à fait, regardant avec surprise et une espèce de terreur Félicie, restée immobile au milieu du chemin.

Elle vit qu’il la reconnaissait. Pour la première fois de sa vie, son orgueil plia devant la peur ; elle le regarda d’un air suppliant, les mains toujours jointes.

Le chemineau, qui avait compris la faute qu’il avait faite au château de Castelsot et qui était bonhomme, comme il le disait, lui adressa un sourire d’intelligence, et s’approchant de Mme d’Orvillet :

« Je demande bien pardon à madame de ce qui s’est passé au château de M. le baron ; je croyais bien faire et j’ai fait une sottise, paraîtrait-il. Au fait, j’aurais dû comprendre que c’était l’idée d’un homme pris de vin, et que tout ça n’était qu’un rêve.

Madame d’Orvillet.

Je ne vous en veux pas, mon ami ; vous ne m’avez manqué en rien. Merci de votre bonne intention et bonsoir.

Le chemineau.

Pardon, excuse, madame, si je vous demande la permission de vous accompagner jusque chez vous. Vous êtes seule avec des enfants, ce n’est peut-être pas prudent.

Madame d’Orvillet.

Merci, mon ami ; nous avons l’habitude de nous promener dans ces bois, et nous n’y courons aucun danger.