Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/91

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Cunégonde.

Une visite ? À un grossier paysan ?

Clodoald

À un menteur, un insolent pareil ? En voilà une idée !

Félicie.

Et maman voulait nous y mener. Mais je n’ai pas voulu.

Clodoald.

Vous avez bien fait. Moi, je me ferais tuer plutôt que de faire des politesses à des gens comme ce chemineau. Mais comment votre maman, la comtesse d’Orvillet, vous mène-t-elle chez tous les misérables du village ?

Félicie.

C’est que maman a des idées bizarres sur les pauvres et les ouvriers ; elle dit qu’ils valent souvent mieux que nous, qu’ils sont nos frères.

Clodoald.

Nos frères ? Ah ! ah ! ah ! la drôle idée ! Alors le chemineau est ton frère, Cunégonde. Il est votre frère, Félicie. Il sera l’oncle de nos enfants. Ah ! ah ! ah ! je ne croyais pas que votre maman eût des idées si singulières.

Cunégonde, ricanant.

Et moi, je ne pensais pas que Félicie eût une famille si peu convenable.

Une grosse voix.

Savez-vous, mon petit monsieur (que je ne connais pas), que vous mériteriez une schlague