Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/122

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Juliène. Jé vous demande très fort. Donnez-moi lé pétite Juliène.

madame bonard.

Mais, Monsieur, je veux que mon Julien ne change pas sa religion ; les Anglais ne sont pas de la religion catholique comme nous.

m. georgey.

Oh ! yes ! moi Anglais catholique, moi du pays Irlande ; lé pétite Juliène catholique comme moi. Vous voyez pas moi à votre église comme vous !… Pourquoi vous pas dire rien ? Jé vous demande lé pétite Juliène. »

Mme Bonard pleurait et ne pouvait répondre.

m. georgey.

Vous pas comprendre, lé pétite Juliène être très fort heureuse avec moi. Lui apprendre tout ; avoir l’argent beaucoup ; avoir lé bonne religion catholique. Tout ça excellent.

madame bonard.

Vous avez raison, Monsieur ; je le sais, je le vois… Prenez-le, Monsieur, mais après la foire.

m. georgey.

Bravo, Madme Bonarde, vous bonne créature ; moi beaucoup remercier vous. Jé viendrai lé jour de lendemain du foire. Adieu, bonsoir. »

M. Georgey s’en alla se frottant les mains ; en passant devant le champ où Julien gardait les dindons, il lui annonça le consentement de Mme Bonard, lui promit de le rendre très heureux, de lui faire apprendre toutes sortes de choses, et de le laisser venir chez les Bonard tous les soirs.

Julien ne pleura pas cette fois ; il commençait à