Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/133

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bonard.

Le souper est prêt ? Tant mieux ! J’ai une faim à tout dévorer.

madame bonard.

À table, alors. Voici la soupe. Donne ton assiette, Bonard ; et toi aussi, Julien. Et Frédéric, où est-il donc ? Tu l’as laissé à l’écurie ?

bonard.

Je ne l’ai pas vu ; je croyais le retrouver ici.

madame bonard.

Comment ça ? Il est allé il y a plus d’une demi-heure au devant de toi pour t’aider à rentrer et à arranger les chevaux.

bonard.

Je n’en ai pas entendu parler. Il y a longtemps que je suis revenu, puisque je leur ai fait manger leur avoine, je les ai fait boire, je leur ai donné leur foin, j’ai arrangé leur litière ; il faut plus d’une demi-heure pour tout cela.

madame bonard.

C’est singulier ! Va donc voir, Julien. »

Julien se leva et alla à la recherche de Frédéric ; mais, au lieu de regarder dans la ferme, il prit le chemin du village.

« Bien sûr, se dit-il, qu’il aura été prendre ses arrangements avec Alcide pour changer leurs heures. Il croyait aller à la foire dès le matin, et le voilà retenu jusqu’à midi. »

En effet, il rencontra Frédéric revenant avec Alcide.

« Que viens-tu faire ici ? lui dit Alcide avec brusquerie. Viens-tu nous espionner ?