Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/150

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frédéric.

Quel homme ? Je veux savoir ; je veux… »

Alcide était bien loin, il avait couru à la barrière ; deux minutes après, il rentrait avec un gros homme en sabots et en blouse.

« Tenez, Monsieur Grandon, voici les dindes ; elles sont belles, bien engraissées, bonnes à manger, comme vous voyez. Choisissez-en deux, comme nous sommes convenus. »

L’homme examina les dindes.

« Oui, elles sont en bon état ; et combien la pièce ?

alcide.

Dame ! voyez ce que vous voulez en donner.

grandon.

Trois francs ; c’est-il assez ?

alcide.

Trois francs ! Vous plaisantez, Monsieur Grandon ? Elles valent quatre francs comme un sou ; et vous les revendrez cinq à six francs pour le moins.

grandon.

Ceci est une autre affaire ; la vente ne te regarde pas. C’est pour les faire manger que je les achète et pas pour les revendre ; trois francs cinquante si tu veux, pas un liard de plus.

alcide.

Je tiens à quatre francs, pas un centime de moins ; on m’a commandé de tenir à quatre francs, payés comptant.

grandon.

Allons, va pour quatre francs, mais j’y perds ; vrai, j’y perds.