Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/161

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puis un bruit confus de rires et de voix arriva jusqu’à eux, puis des paroles très distinctes.

« Comme vous marchez vite, madame Bonard ! Je puis à peine vous suivre ; ça me coupe la respiration.

madame bonard.

C’est que j’ai peur de faire attendre mon pauvre garçon, madame Blondel. Je lui avais promis d’être de retour avant midi, et voilà que j’entends sonner midi à l’horloge de la ville ; je ne serai pas revenue avant la demie.

madame blondel.

Ah bah ! il restera plus tard ce soir ; une demi-heure de perdue, ce n’est pas la mort.

madame bonard.

C’est qu’il n’est pas très docile, voyez-vous, madame Blondel ; il est capable de s’impatienter et de partir, laissant la ferme et les bestiaux à la garde de Dieu.

madame blondel.

Tout le pays est à la foire, il ne viendra personne.

madame bonard.

Et les chemineaux qui courent tout partout, qui volent, qui tuent même, dit-on !

madame blondel.

Laissez donc ! Tout ça, c’est des bourdes qu’on nous fait avaler… Mais nous voici arrivées ; nous n’avons pas rencontré Frédéric, il n’est donc pas parti. »

Elles entrèrent dans la cour de la ferme.

madame bonard.

Tiens ! où est donc Frédéric ? Je pensais le trouver à la barrière.